Nouveau chapitre pour Monsieur Lune, qui poursuit sa carrière entre spectacles pour le jeune public, et chansons pour les «grands» que nous sommes, ou tout du moins que nous pensons être... Si les seconds sont concernés ici, avec Écrans Plats, l’âme enfantine de Nicolas Pantalacci, alias Monsieur Lune, reste intacte malgré le temps qui file. «Pourquoi t’es là ?» et sa ritournelle entêtante ouvrent ce nouvel album, et d’entrée de jeu, on sait que ce huitième opus de l’auteur compositeur et interprète sera haut en couleurs. Écrans Plats et ses dix chansons sont autant de reflets de nos vies, belles et absurdes, tristes et si infiniment précieuses. Avec, encore et toujours sur ce nouveau disque, ses textes doux-amers, son phrasé espiègle et un sens impeccable de la mélodie, Monsieur Lune décrit à merveille nos relations à nos écrans sur le titre éponyme du disque. Si «Écrans plats» trône au milieu de l’album, les neuf autres nouvelles compositions de Monsieur Lune se lovent parfois dans la mélancolie, comme sur «Une nuit de septembre» ou la solitude et les tourments intérieurs sur «Tête de gondole». La malice du verbe, qui est l’un des véritables atouts de Monsieur Lune depuis ses débuts, se déploie à merveille sur le pertinent «Les gens devant», morceau électro pop hypnotisant en forme de constat sociologique, comme un aveu touchant d’impuissance sur l’inconséquence de nos existences. L’émouvant «Aller là-haut» évoque avec élégance les fragilités qui nous assaillent dans le cheminement de nos vies, tandis que
«On achève bien les pauvres» se veut plus vindicatif malgré sa fausse nonchalance… Puis un touchant hommage à Cabu se dessine pour clore l’album, soutenu par un texte poétique à souhait et d’une mélodie qui culmine jusqu’au refrain crève-cœur. Écrans Plats se referme là-dessus, sur ces chœurs que n’auraient pas renié Arcade Fire dans ses aspects les plus symphoniques. Monsieur Lune signe là un album tendre, sincère, gracile et sensible, où ce brin de causticité qui lui est propre fait mouche du début à la fin. 

Et comme Monsieur Lune a de la suite dans les idées, cet album, réalisé par Sébastien Collinet et mixé par Aymeric Létoquart,
fidèles acolytes de l’artiste,  est le prélude d’une belle surprise, un projet artistique plus global, une idée des plus originales qui sera mise en scène en 2023.  Écrans Plats s’inscrit ainsi comme un projet individuel au sein d’une évolution collective chère à la structure Papa Luna Productions, comme le symbole de nouvelles
compétences variées. À suivre…